Ancien professeur de sport, grand passionné de glisse, Bruno Dubois est passé pro sur la piste de l’écologie solidaire. Il nous raconte la chaîne écoresponsable qui s’active en altitude
Il y a plus de 30 ans, il a fondé Ski’n Surf, une entreprise de revalorisation et revente de matériel de ski reconditionné, en parallèle de son association Ski’R. « L’objectif de cette association est de coordonner toute l’économie circulaire de la filière ski en France. En gros, permettre à tout le monde de travailler main dans la main pour un monde plus responsable ».
Tout le monde, c’est pas moins d’une vingtaine de partenaires. « Ça fait partie de ce projet Ski’R d’inclure un maximum de personnes dans la boucle, pour booster encore plus le recyclage et le réemploi ». Des ingénieurs-créateurs qui upcyclent snowboards, bâtons, raquettes, luges, jusqu’aux chaussures de ski ; des ESAT (Etablissements ou Services d’Aide par le Travail) qui emploient des personnes en situation de handicap ou en réinsertion, équipés en machines et formés par Ski’R ; et des acteurs du sport d’hiver qui s’engagent dans une démarche raisonnée comme le Club Med.
« Ça fait près de 15 ans que Ski’N Surf collabore avec le Club Med. Avant les paires de skis usées étaient revendues à une Bourse au ski. Quand cette Bourse a fermé, j’ai reçu un coup de fil et c’était parti. Ça a tout de suite très bien marché entre nous et depuis, on ne s’est plus quittés ».
Une fois récupéré, le matériel est reconditionné dans les ESAT pour être revendu dans les boutiques Ski’n Surf. S’il est trop abîmé pour être réutilisé en toute sécurité, il est transformé par des entreprises comme SkiTEC, qui fabriquent des meubles, des abris à vélos et des supports de panneaux photovoltaïques à partir de skis et de bâtons. Chez NoK Boards, on découpe des skateboards dans de vieux snowboards, et les chutes sont transformées en horloges. Et Ghold fond les chaussures de skis pour les mouler en prises d’escalade. Quelques exemples parmi tant d’autres piochés dans une émulation de créativité.
« 400 à 450 mille paires de skis sont fabriquées en France chaque année. Les skis, c’est entre 20 et 30 matériaux différents (bois, polyester, acier, aluminium, carbone, PVC, caoutchouc…) collés et compressés, ce qui les rend très compliqués à recycler. En ce moment on a donc un nouveau projet avec Ski’R : celui de tester un délaminateur. C’est comme une grosse machine à laver qui sépare les matières. Dans quelques mois on espère être capable de récupérer et réutiliser chaque matériau ».
Bruno nous raconte aussi que le plastique des casques et des raquettes servira bientôt à fabriquer des luges. Rien n’est gâché, même pas les emballages :« Frank Picard, ancien champion de ski qui a maintenant plusieurs magasins de matériel de glisse, m’a appelé tout à l’heure pour m’annoncer qu’il avait 500 boîtes de chaussures de ski disponibles et me demander quand est-ce que je passais les prendre. On se déplace pour les grandes quantités, pour que ce soit raisonnable écologiquement ».
Même chose pour le matériel d’entretien : « Quand le Club Med fait de grandes rénovations, on est aussi contactés pour récupérer d’autres types d’équipements. On a par exemple récupéré 50 sèche-chaussures pour les boutiques, mais aussi des ponceuses, farteuses et affuteuses qui équipent ensuite les ESAT ».
L’enthousiasme de Bruno à partager tous ces projets ne s’essouffle jamais, alors quand on lui demande le mot de la fin, il prend une minute avant de répondre dans une vraie émotion. « Il y a un espoir que tout le monde bosse dans la même direction. J’ai l’âge de la retraite mais je ne peux pas m’y résoudre. J’aime trop ce que je fais. Aujourd’hui on est 21 dans la boîte, et 21 à faire que du recyclage, je trouve ça beaucoup trop merveilleux pour arrêter ».
Découvrez également d’autres projets d’upcycling mis en place par le Club Med comme celui des voiles de son légendaire yacht cinq-mâts : le Club Med 2 !
