Ouvert en 2022, le Resort Club Med de Tignes est le premier resort de montagne en France ayant reçu l’accréditation BREEAM “Very Good”, qui évalue le comportement environnemental des bâtiments. Nous avons donc demandé à Pierre-Edouard Millant, le directeur de construction du site, de nous parler des méthodes responsables et écologiques employées pour le bâtir.
Aujourd’hui directeur de la construction en montagne du Club Med, Pierre-Edouard Millant connaît bien la région de Tignes. Ce Savoyard d’adoption supervise depuis 2017 des chantiers d’altitude : Val Thorens, Les Arcs, Alpe d’Huez, nombreux sont les Resorts Club Med où il a mis son savoir-faire à l’œuvre avant d’être débauché par la marque pour prendre ses fonctions actuelles à temps plein. Ce qui lui permettra notamment de travailler sur le projet du Resort de Tignes qu’il a participé à faire sortir de terre. “C’est un projet vraiment unique qui est né en 2017 mais dont les travaux n’ont commencé qu’en 2020 à cause d’un certain nombre de particularités dûes à l’emplacement”, explique Pierre-Edouard, “Le premier élément, très nouveau pour nous, a été l’immédiate proximité du Parc National de la Vanoise, qui est un espace naturel exceptionnel”.
Un extraordinaire patrimoine humain et naturel
Créée en 1963, cette réserve de 535 km² abrite une extraordinaire biodiversité composée de dizaines d’espèces en tous genres. Bouquetins et chamois y arpentent les reliefs montagneux tandis que les renards, les lièvres et les martres courent les prairies. Dans le ciel, ce sont indéniablement les aigles royaux qui sont les maîtres des lieux qu’ils observent en planant silencieusement. Mais ce n’est pas tout puisque le parc recèle également un patrimoine humain et naturel exceptionnel : les gravures rupestres du Grand Roc noir, un ensemble d’œuvres d’art datant de plus de 2000 ans. “La proximité du site du Resort, construit à l’emplacement d’un parking en béton, avec ce joyau [le Parc National de la Vanoise] a guidé la création de l’ensemble. Dès le début, nous avons cherché la meilleure manière de nous intégrer dans cet écrin incroyable sans l’impacter négativement, voire en le faisant positivement. Puis, notre vision a évolué au fil du temps car l’approche de la Responsabilité Sociétale des Entreprises (RSE) et les technologies ont beaucoup évolué entre 2017 et 2020”, se souvient Pierre-Edouard Millant.
Au-delà du respect du Parc National de la Vanoise, les équipes de construction du Club Med ont dû faire attention au site même du Resort. “Il se situe au pied des montagnes, face à un glacier, à quelques pas d’un ruisseau et à quelques centaines de mètres du lac de Tignes. À cela s’ajoute le fait qu’il se situe au-dessus d’une source d’eau potable dite de profondeur. Elle n’est pas exploitée actuellement mais à cause de la raréfaction de l’eau, elle le sera dans le futur. Nous avions donc le devoir de la protéger”, décrit le directeur de construction montagne du Club Med. Il poursuit : “Nous avons donc commencé par réaliser une étude d’impact afin de déterminer les conséquences potentielles du chantier sur l’environnement en partenariat avec la mairie, la préfecture et la Direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement (DREAL). Une fois que nous savions ce que nous pouvions faire et ne pas faire, nous avons décidé de pousser les curseurs encore plus loin, de faire plus que ce que la loi nous imposait.” Et cela sur le plan humain comme sur le plan des méthodes de construction, du choix des matériaux et de la sélection des technologies.
Une construction humaine, responsable et écologique à Tignes
“Tout d’abord, nous avons introduit une dimension humaine en créant des consultations avec les habitants de Tignes. Nous avons réfléchi à la meilleure manière de procéder pour qu’une construction de 40 000 m² ne gâche pas la beauté du paysage ni les vues dont bénéficient les locaux. Pour cela, nous avons repensé l’architecture du bâtiment, nous y avons ajouté des trouées, nous avons changé la forme de certaines parties. Quant à la protection de la source d’eau, nous avons utilisé une méthode consistant à remplacer les fondations creusées dans le sol par un système de petits pieux délicatement posés sur la roche pour ne pas impacter cette ressource capitale”, développe Pierre-Edouard. Ensuite, une fois que la forme finale du Resort avait été trouvée au printemps 2020, les équipes, composées à 95% d’entreprises locales, se sont mises au travail. Objectif : finir la structure du bâtiment avant l’hiver. Et pour cause, en montagne, la période hivernale ne permet pas de travailler en extérieur. Si les murs, les fenêtres et les portes sont en place, les travaux peuvent continuer à l’intérieur, où certaines technologies extrêmement innovantes sont utilisées.
“Nous avons travaillé à de nombreux niveaux pour optimiser la dimension responsable de ce Resort. Ils sont si nombreux qu’il serait difficile de les citer tous mais nous avons par exemple étudié l’orientation de chaque pièce afin d’optimiser l’éclairage et le chauffage naturel et donc de réduire la consommation”, détaille Pierre-Edouard. Et d’ajouter : “Nous avons également utilisé des matériaux de première qualité et des isolants ultra performants comme des laines de roches qui réduisent drastiquement les pertes de chaleur. Mais ce n’est pas tout, nous avons également mis en place une gestion technique du bâtiment (GTB) qui détecte la présence et les usages des différentes salles afin d’éteindre la ventilation et le chauffage quand personne ne se trouve là. A l’échelle d’un tel chantier, ce sont de très importantes économies d’énergies. Enfin, il y a les méthodes complètement invisibles comme les récupérateurs de chaleur présents dans les douches ou la façon dont la chaleur dégagée par les gigantesques réfrigérateurs sert à chauffer la piscine”. Chaque détail a donc été pensé pour que le Club Med de Tignes ait une empreinte carbone la plus faible possible. Au point qu’il est le premier Resort de montagne en France à obtenir la certification BREEAM « Very Good », une prestigieuse norme d’évaluation du comportement environnemental des bâtiments. Une chose d’autant plus rare à une altitude de plus de 2000 mètres ! L’attribution de ce label fait écho aux efforts fournis par le Club Med depuis sa création et en particulier dans le cadre de son programme Happy to Care lancé en 2019 dont l’un des piliers est l’accélération du développement local avec des initiatives comme Green Farmers pour soutenir l’agroécologie.
L’alliance du luxe, du confort et de la responsabilité
Enfin, Pierre-Edouard et ses équipes se sont attelés à recréer des espaces verts et à redonner de la luxuriance à ceux déjà existants. “J’ai fait appel à Philippe Somm, qui a déjà travaillé sur le Resort de La Rosière et qui est originaire de Savoie, pour cette mission. Nous avons ainsi re-planté des centaines d’arbres, de différentes essences, et, je n’hésiterai pas à le dire, nous avons rendu les lieux plus beaux encore. Il faut bien comprendre que, même si la taille du bâtiment est conséquente, notre but consiste toujours à protéger les lieux pour que les GM puissent en profiter” rappelle le directeur de construction. En effet : “Il faut bien comprendre que le luxe à la montagne se résume à deux choses : profiter d’un paysage préservé et, tout simplement, ne pas avoir froid quand on est à l’intérieur.” Et quand on part en vacances dans un Resort comme celui-ci, on réunit tout cela ! La construction et les technologies d’économie d’énergie offrent une agréable chaleur qui est renforcée par l’idée que notre confort a un impact aussi faible que possible sur la splendeur de la nature qui s’offre à notre regard. Une preuve, s’il en fallait une, qu’avec de la volonté, de la créativité et l’emploi des bonnes méthodes, le confort n’a rien d’incompatible avec la responsabilité sociale et environnementale.